6 novembre 2011

Marcel CZERMAK 20 10 2011 Transsexualisme

Marcel CZERMAK 20 10 2011 Le genre

On m'avait volé un paquet de papiers et voilà qu'hier soir, j'ai retrouvé à leur place tous les documents sauf mon courrier personnel. Donc il y a du transfert là dedans soit une adresse. Est-ce un homme ? Est-ce une femme ? Ou la police ? Bon, la police ne m'aurait pas rendu la documentation sur le transsexualisme. Mais en tous cas il y a du transfert. Qu'est-ce qu'il ou elle va faire de mes documents personnels ? Un fétichisme de mon courrier ? Voilà une catégorie non encore discutée en clinique. Comment la calibrer nosographiquement ?

Et la question du genre ? N'est-elle pas posée devant le non rapport sexuel ? Devant un Autre tellement autre qu'il est impossible de l'attraper. Comme dans un vrai couple, il y en a au moins un qui est fou. Et il n'y a pas de recette. Ca se saurait et ça continue à faire du malheur. Tout ceci pour vous mettre dans l'ambiance comme me disait une petite amie.

Il y a en France une réflexion active sur les mœurs et la sexualité. Sur l'identité sexuelle, il y a "Campus de Paris", deux pavés. Il y a un questionnement sur l'identité personnelle. La question prégnante est de savoir si le genre détermine cette identité.

Moi, j'ai appris ce qu'il en serait du masculin et du féminin mais la baise ? J'ai rien appris.

On reprend Judith Butler et ses Gender Studies comme quoi le genre détermine l'identité sexuelle, on y ajoute éventuellement un peu de psychanalyse, et tout, et tout, pour identifier un homme ou une femme à l'hétéro, au bi, au multi, etc. Vaste programme eût dit De Gaulle. Il ne faut pas rater "La domination masculine" de Bourdieu et Foucault et encore Butler avec "Trouble dans le genre", etc.

Il y a création d'une chaire "Genre" à Science Po. Le genre a pignon sur rue et devient matière obligatoire. Et aussi, ça les décoiffe. C'est des études d'un nouveau genre, assumées, et ambiance garantie. Est-ce innovation ? Cela a été décidé lors d'un déjeuner plutôt classe : Plus de grandes écoles sans études sur le genre. Le président Fitoussi n'est pourtant pas un imbécile, qui écoutait s'étonner A. Sen qu'il n'y avait d'étude sur "Le genre en France".
Tous le monde, ce n’est pas la lutte des classes, mais, tous le monde y va, comme Marx l'aurait souhaité mais pas dans ce but. L'ai-je lu ? Marx a fait un gosse à sa bonne et c'est Engels qui en avait assumé la paternité.

Ces études sur le genre devraient être conduites de manière transversale. Ca, ça veut dire qu'il se couche. Et de manière pluridisciplinaire. Là, on empile les sous-couches, blanches et noires, on s'en fout car c'est justement cela qu'il faut éliminer. En fait, les gender studies abordent un domaine professionnalisant.

On dira que je suis un catho, un réac, mais je m'en fous car je suis un juif, un mécréant. L'enseignement catholique s'inquiète de voir dans Bordas la théorie du genre pour la Terminale contestant la différence entre les hommes et les femmes. Même les juifs se feraient du souci. Dans le Figaro du 02 06 2011, la croisade US contre l'hétérosexualité obligatoire a perdu le sens de l'humour.

Personne ne rappelle : Tu ne sais pas qui tu es ! Un jour, quelqu'un demande à Lacan : De quel sexe êtes-vous ? Je ne sais pas, répond-t-il. La France est méfiante mais il y a des centaines de programme au US, or, il y aurait milles programmes qu'ils seraient construit sur des nèfles. Personne ne choisit d'être homo ou hétéro.

Mais l'enseigne devient obligatoire, nous voilà bien dans la brutalité que devient parfois l'impossible d'un sexe à l'autre. Et les parlementaires ne sont pas mieux armés mais ils se sentent obligés de trancher, au bistouri, alors que cela n'a rien d'impératif. Il reste qu'on peut faire des enfants sans aller au lit. Comment s'en soulager ? La réponse est simple : Au labo, et ihs Allah !

Récapitulons. Le Monde du 01 10 2011 rappelle qu'en 1996 ou 1997, un article sort sur cette question qu'a soulevée en 1991 la Cours européenne des droits de l'homme sur l'indisponibilité de l'état de la personne, principe juridique qui traduit en droit la castration. C'est "Tu te débrouilles".
Une Cours influencée par l'approche anglo-saxonne, elle suit, comme en France, et à partir de là, les hommes, les cas sont rares pour les femmes, ont deux ans pour changer d'avis. Sinon, c'est l'opération et le changement d'état civil.
Bon, c'est irréversible, ce n’est pas de la rigolade, mais comme le problème est indécidable, la Cours décidera que les gens n'ont qu'à choisir eux-mêmes.

Au premier congrès sur le transsexualisme, Lacan y était, entouré d'un monde d'avocat américain qui posaient qu'en démocratie, pourquoi ne pourrions-nous pas choisir notre sexe et notre sexualité.
Finkielkraut dernièrement a invité Geneviève Fraisse, du CNRS, qui jongle avec la terminologie du genre, parité, droits sociaux, et le psychanalyste, son contradicteur, se tenait à carreaux. Il a quand même terminé par lui ruer dans les brancards.

Dans l'article du Monde, ça prend une tournure politique. Le genre serait voué aux gémonies de l'UMP, le parti présidentiel, qui demande le retrait des décisions dans ce domaine qui relève du non scientifique. C'est assez raisonnable mais personne ne sait ce qu'être scientifique.

Simone De Beauvoir est allée voir Lacan pendant des mois avant d'écrire "Le deuxième sexe". A la fin, elle a écrit "On ne nait pas femme, on le devient". Reste à savoir par quel chemin.
Pour Irène Thiry, le moi est de la culture et le corps, du génétique. Mais, question : Moi, culture, qu'est-ce que la culture ? C'est le langage.

Toujours dans cet article, je note l'accent mis sur une approche bio psycho sociale. Là on est tranquille. Ca m'amuse toujours. Un bon méchoui, excellent, tellement bon qu'on ne demande pas ce qu'il y a dedans.
Et dans le deuxième paragraphe, cet objectif : Rendre la femme visible ! Les Palestiniens, selon Sauber, sont invisibles. Mesdames, je ne vous vois plus, désolé. Alors nous sommes d'accord avec l'entreprise de déconstruction des sciences sociales made in US. Normal puisque vous, les femmes, êtes invisible.

J'avoue que j'aurais bien voulu qu'elle soit invisible mais voilà, l'éternel féminin n'existe pas. Je n’ai pas lu la bible mais je crois que Salomon déjà avait affaire avec une reine.
Le travail consiste à rendre la femme visible et ça, c'est symptomatique. Un symptôme que l'on va traiter par la politique.
J'avais en consultation une comédienne d'une beauté, tellement belle qu'elle se demandait : Qu'est-ce qu'il veut ? Mon oreille, mon cul ? Dans la vie, elle était invisible. Déshabillez-vous, messieurs, mesdames, ça ne changera rien.

Voilà sur quel terrain nous avançons. Cette débilité. On voudrait que tout soit clair, qu'on sache comment on fait un homme ou une femme. Comment ? C'est simple, il s'agit "d'un code qui façonne une compétence sociale".
Des codes, il y en a beaucoup, qui façonne, un théâtre, de pantin, la compétence sociale, l'aboutissement comme compétence, comme homme ou femme liés à des codes. Je veux qu'on m'explique.
"La femme est l'angle mort de la politique". La reine vierge ? Mon œil. Nombre de femme ne sont en aucun cas dans un angle mort.

"Jusqu'en 1970, personne ne conteste la masculinité de la politique". C'est vrai. "Les questions utiles viendront en 1993 : Pourquoi cette exclusion des femmes ?" C'est que les français situaient la question hors du champ religieux, identitaire, citoyen, qui les rassemblait, et quant au reste, on verra après.

"Comprendre plutôt que classer". Que je sache, il est de notoriété qu'il faut comprendre pour classer et classer pour comprendre.
"Le genre n'est jamais neutre", accompagné d'une photo ambiguë quant au sexe du modèle mais très beau. Ca me rappelle un ami qui buvait un whisky dans un avion lorsque soudain il craque pour une femme superbe qui se révèle ensuite être un homme. Et on voudrait nous donner des leçons ?

Vous m'avez demandé de la bibliographie. J'ai en 1956, Jean Marc Albi, sa thèse sur le transsexualisme, discutable mais saluée par Lacan. Safouan a fait une étude sur l'Oedipe, et un chapitre où il critique Stollers à propos de la notion de genre. A l'époque, tout le monde s'en foutait. En 1978, Czermak a fait une conférence à Vincennes, flop radical. On a repris le mord aux dents, après la décision de la Cours des droits de l'homme, quand l'Académie de médecine, lors d'une engueulade mémorable entre d'estimables professeurs, a pris la décision de demander le changement d'état civil comme complément thérapeutique. Ca nous posait des questions de fond.

Depuis quand le droit est-il un complément thérapeutique ? Je me rappelle, dans l'histoire, quand les juristes définissaient la thérapeutique, le troisième Reich, par exemple. Admirable castration, pas besoin de bistouri, ça coupe tout seul. Devant un impossible, on demande au politique de trancher et par retour, ce qui nous revient des US, c'est que nous sommes en retard !

Il y a un numéro du Journal français de psychiatrie consacré au transsexualisme.
Il y a aussi deux bouquins de P.H. Castel "La métamorphose impensable". Bon, on ne s’éloigne pas trop de la presse.

En fait, on a pris le mord aux dents en deux temps. Comme quoi, on procède plus souvent par empilement que par tressage. On a sorti un premier volume sur l'identité sexuelle, bien étayé, 582 pages, suivi d'un deuxième volume en 1996, 444 pages. Ces milles pages sont issues d'un colloque pas zen du tout qui, une fois publié, c'est à dire, une fois limée les aspérités, il en est résulté que l'ALI allait le foutre au pilon tellement on avait d'invendu. Je m'y suis opposé : Quatre ans de travail, de la gamberge depuis 1970, merde.

Lisez la préface. Il y a cent ans, Freud faisait une conférence, la première du genre, sur la détermination sexuelle de l'hystérique. L'intérêt de ses collègues, bouleversés, l'engageait à persévérer. Kraft Ebing, prix Nobel de médecine, avait Freud en sympathie. En avançant qu'on dirait "un conte de fée scientifique", il visait les bases médicales de la psychanalyse.

Enfin, à Science Po, on répond : Je sais bien mais quand même. Tout ça c'est des belles histoires.

Demain, je vais à Tanger. Au programme, l'identité et la sexualité, le genre humain sous ces aspects bio psycho socio. Et j'y fais une intervention sur la sexuation. Est-elle un objet politique ?
Je ne sais si c'est un cadeau car au Maroc, c'est difficile de parler de sexe, de politique, de religion. Bon, allez Marcel. On ne te foutra pas en prison ! Mais il y a aussi "L'homosexuel est-il un homme".
Je suis toujours d'accord pour voyager au frais de mes copains marocains. Mais l'intervention est gratos, par amitié. Le gratin scientifique marocain a besoin de son pote. Czermak !

Pourquoi l'hétérogénéité de la sexualité et de la sexuation est complètement éliminée de la presse ?

Aurais-je l'occasion d'en saisir un fil rouge ? Comme celui que la marine anglaise tressait dans ses cordes pour repérer celui qui en volait. Merci.

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