29 septembre 2011

Marcel CZERMAK 22092011 Transsexualisme

J'avais évoqué l'idée d'un cycle sur le transsexualisme car j'ai découvert que, désormais, il est imposé aux grandes écoles, comme Science Po, un enseignement obligatoire de 24 heures sur la question du genre. Mais il m'est arrivé une aventure. J'avais négligemment déposé dans ma salle d'attente les quelques feuillets de mon argumentaire et quelqu'un, qui est peut-être parmi nous, me les a chouravé. Catastrophe. D'abord, je me suis fait engueuler pour ma légèreté. Et je ne veut pas déposé plainte, je ne ferme jamais ma porte. Ce document ne peut servir à personne, il n'est lisible que de moi-même, il ne comporte aucune confidence et quand bien même, je m'en fiche. La difficulté pour moi est de devoir un peu improviser avec vous. Le mérite de cet incident est de nous rappeler qu'on n'est pas obligé d'avoir des biscuit dans sa poche.Le triomphalisme, c'est formidable ( Thierry Jean, 2010). Désormais en France, le transsexualisme n'est plus une affection psychiatrique. Nous voilà débarrassé de cette histoire.
C'est quoi ce mec qui tient absolument à être dit femme, ce qui, dit en passant, est plus courant que l'inverse, chez les femmes. Bref, si cela ne relève plus de la psychiatrie, ça fera des économies à la Sécu. C'est pas dans Libé, cet article, c'est dans le Figaro, en première page. La France est le premier pays européen à mettre en application le droit contre la discrimination en matière de trans-sexualité.
Bon. Je n'ai jamais, en quarante ans de pratique, jamais rencontré quelqu'un qui aie délibérément opter pour son sexe. Ce faire objet n'est pas un choix laissé au souci républicain et démocratique.
Henry Bey, aux Etats Unis, a organisé une grande réunion, la première du genre, où il se trouva un juriste pour dire que la démocratie implique que chacun puisse choisir son sexe librement. Je vous laisserai vous casser la tête, comme moi, pour la bibliographie. Bon. Il n'est pas très difficile de différencier le transsexualisme de la maladie mentale car qui sait bien reconnaître et définir la maladie mentale.
Vu des Etats Unis, la France est l'avant-garde, surprise, des pays respectueux de la cour européenne des Droits de l'Homme qui stipule que le refus d'un changement d'état civil est contraire à ses lois. Effectivement, en France, un décret confirme la saisine de la haute autorité de la santé demandant le retrait de la Transsexualité de la catégorie de la maladie mentale. Mais cette haute autorité, qui en connait la composition ? Ce n'est qu'un pur signifiant. Il est possible, comme on le voit, de se débarrasser des gens, avec une série d'écran, en l’occurrence ici, saisir cette haute autorité qui ne brille pas forcément par ses idées.
Transsexualité ou transsexualisme ? Bof. La langue est bien faite pour faire comme bon nous semble. Voir Jean Toussaint, la différence entre l'idéalité mathématique et l'idéalisme. Les cliniciens, eux, qu'en disent-ils ? Que le terme transsexualisme comporte cette ambiguïté que quand le médecin s'y attache, cela relève de la transsexualité.Un clinicien se demande avant tout, de quoi parlons-nous ?
Les associations, les assurances, la Sécu, tous demandent déjà ce qu'il en sera d'un nouveau parcours de soins. Or il n'existe aucune étude épidémiologique. C'est à dire qu'on en revient au transsexualisme. D'un côté, le parcours de soins, mais d'un autre, ce n'est plus une affection !
Le décret précise que les termes de trouble précoce des classifications de genre viennent des Etats Unis, où l'hystérie n'existe pas, et propose de soumettre à un vote démocratique ce qu'il en est de l'existence ou pas d'une maladie. Comme on arrivait pas à définir tout ce bazar, on l'a supprimé. Or c'est contraire au plus vieux fondement de l'idée de diagnostic, ne pas tué le dissident pour un consensus.
Céline, dans sa thèse, étudie l'affaire Weiss, dans la Vienne du 19s. Les femmes mourraient en couche. Ce médecin avait eu l'idée simple que les accoucheurs se lavent les mains. Sa carrière en est brisée. Il est mort d'une septicémie contractée d'une coupure au doigt avec un bistouri.
Les études rapportent une prévalence 1/30000 pour les MTF ! C'est quoi ça des MTF ? Je connais pas. Et de 1/10000 pour les FTM. Selon les associations, 40 à 50000 personnes seraient concernées. Où l'on voit l'incidence épidémiologique ridicule mais l'incidence doctrinal majeur. N'importe quel premier homo venu, à cette lecture, peut se les faire couper. On trouvera aisément le proxénète pour convaincre un masochiste à faire le grand saut. C'est oublié la fonction de l'autre, l'autre proche et l'autre éloigné, l'état. Comment on fabrique de la clinique ? En aucun cas sans prendre en compte la fonction du partenaire, homme, femme, institution, état. Mais c'est pas dans les manuels. Quand Pinel débarque à Bicêtre, c'est parce qu'il y faut mettre de l'ordre. Ce médecin sera nommé Commissaire de la république. C'est rare qu'un médecin l'accepte mais cela lui a permis de faire sa nosographie. En tant que Commissaire, il pouvait dire stop. La clinique est une langue bien faite, comme le dit Philippe Challain, très différente du charabia de ce décret inspiré des Etats Unis. Nous avons pour nous, il est vrai, la tradition clinique française et allemande. On en vient à se demander comment, aux Etats Unis, peut-être par le canal du Canada, ce qui devrait circuler comme avant-garde.
Je me souviens d'un cas, rare, de psychose cyclique. Éveillée au printemps, excitée en été, calmée en automne, elle dormait l'hiver comme une marmotte. J'ai du m'en occuper avant de la rapatrier chez son père, un éminent professeur. Elle souffrait d'automatisme mentale et de phénomènes d'écho, le diagnostic était limpide. Aussi quelle ne fut pas ma surprise de recevoir le courrier d'un médecin qui me demandait si je n'avait pas filmé tout ça. Comme si la technique moderne devait éclairer mes propres procédures. Ce collègue ne savait rien des automatismes mentaux et des idées qui n'ont pas franchis l'Atlantique. Et quoi, j'aurais fait joujou avec ma malade ?
Je reprend l'article pour montrer qu'on mélange tout. Bachelot souligne que le décret sur le transsexualisme est une avancée dans le cadre de la lutte contre l'homophobie. On mélange tout, l'homosexualité n'est pas un diagnostic.
Les soins doivent être revu. Bravo. L'autorité parle. Allez, il faut revoir tout ça. Et avec une réduction du parcours de soins à 2 ans au maximum ! Si vous n'avez pas réussi à le convaincre qu'il est un mec, qu'on lui coupe. Ça sera moins chère pour la Sécu.
Je lis plus loin que la définition du transsexuel est purement clinique. Ca c'est vrai ! Et notamment dans le questionnement clinique autour de l'hystérie. Mais ici, purement clinique veut dire que la clinique, c'est du vent, elle est relativisée. Qu'est-ce qu'une définition purement clinique quand l’éthologie exacte n'est pas connue. Comme pour l'hystérie, avant, dont on disait que l'utérus montait à la tête, ce qui n'est pas faux. C'est quoi la cause de la transsexualité ? Des gonades de travioles ? Je lis et je trouve que des aspects psychosociaux interfèrent. Avec ça, on est bien avancé. Des facteurs bio-psycho-sociaux. Maintenant, tout est multifactoriel, c'est un snobisme.
Ils interfèrent sur l'identité sexuelle. Problème, c'est quoi l'identité sexuel ? Car Freud s'est gouré en prétendant que l'anatomie, c'est le destin. Non, pas nécessairement. Je lis encore que si les causes psychologiques, familiales et génétiques sont évoquées, aucune n'est validée. Mais comment on valide ce genre de truc ? Papa et maman, ils se sont trompés. Comment on le valide ? On y va avec le Code pénal ? Dans ce cas, plutôt que se faire flinguer, beaucoup accepteront d'admettre qu'après tout il est possible que peut-être ils ont raconté des bobards.
Je lis qu'il est estimé qu'une étape diagnostique est indispensable. Or la question de la clinique a été balayée. Alors qui, pour le diagnostic ? La haute autorité de santé ? Un médecin a prêté serment, il réfléchis éventuellement contre !
Cette étape diagnostique permettrait d'écarter d'éventuelle pathologie liée. Ce qui constitue le b a ba de la clinique mais qui traduit ici une forme de suspicion. C'est quoi leur pathologie liée ? Une balle dans les couilles ?
Je lis que l'on réclame une phase d'expérience en vie réelle. Est-ce que ça veut dire que certains n'ont pas de vie réelle ? Puis il est précisé que cela se fera par les professionnels de santé ou les patients eux-même. Ben oui, nous sommes forcé d'admettre qu'il a une vie réelle et qu'est-ce qu'a à voir la haute autorité avec la vie réelle ? Quand quelqu'un consulte, il y vient parce qu'il ne sait pas pourquoi il vient. Il vient pour le Réel, qu'il méconnaît et moi aussi.
Enfin, toute cette procédure se situe avant l'engagement des processus irréversibles menés au mieux par des professionnelles de santé. Ici, on fait carrément peser sur le patient la charge de saisine de ce qui lui arrive. Mais si vous vous tapez un cancer, est-ce vous qui allez choisir la thérapeutique. En êtes-vous capable ? Est-ce de votre ressort, cette charge de choisir la thérapeutique qui est l'honneur du médecin.
Ceux qui m'ont piqué mes documents me donne l'occasion de noter que l'inscription au registre de l'état civil est basée sur la disponibilité de l'état de la personne. Le problème est que je ne peux pas décider tout seul si je suis un homme ou une femme, catholique ou protestant. Ca me rappelle cette famille où la mère était catholique et le père protestant. Lors du divorce et comme la question se posait, la cour décide qu'il fallait attendre que l'enfant eu 18 ans pour décider de sa religion. Il se croyait femme mais il attendra ses 18 ans !
L'état de disponibilité de la personne traduit en droit ce qu'on appelle en psychanalyse, la castration, c'est à dire un manque qui lui permettra le cas échéant, de boiter. Toucher au principe de castration, c'est mettre un sacré coup à la sexualité et à ses alibis, mais surtout à la sexuation.
La loi doit précéder tout ce mouvement. Elle doit en fait précéder le désir des uns et des autres. Mais est-ce que la loi doit précéder les envies ? Est-elle fondée sur l'opinion ? Les lois de la parole, ces tables, les 10 commandements qui ont foutu Moîse en pétard quand il a surpris les siens qui faisaient les fous, tu ne tueras, tu ne voleras, est-ce que ça a été établis de manière démocratique ? Est-ce une affaire parlementaire ?
Les mentalités prévues que la loi doit précéder nous désigne le marché. Le marché, c'est pas l'usine avec un patron qui vous engueule. C'est une politique surplombée par l'économie, la finance, la gestion de flux dont il résulte qu'il n'y plus personne du côté du manche et cette conduite acéphale explique en partie l'affolement actuel. Se poser la question de savoir qu'est-ce que la loi doit précéder revient à se demander comment réguler ? Les Etats Unis risque d'en devenir marxiste. Et que faire avec la Grèce, l'Italie, les autres ? Tout est mélangé.
La modification de la loi fait suite aux avis des associations. Qu'en est-il d'une décision clinique prise par les intéressés ? Imagine-t-on un général au front ayant à prendre une place et qui demanderait associativement si on rentre à la maison ? Consensus, on rentre. Le ticket modérateur lié à cette nouvelle catégorie montre qu'elle reste médicalisée. Mais on a pas demandé l'avis des cliniciens.
Il serait symbolique d'être le premier pays à se poser, ce qui serait un signe fort vers la communauté. Mais lequel ? L'homosexualité et le socialisme ? Imaginez Lénine et Prokofiev entouré, comme de bi, homo, trans, de tchétchène, d’ouzbek, d'ingouche, tout mélangé.
Comme bouquin, vous pouvez lire "Le transsexualisme" ou "La métaphore impensable". Mais c'est comme s'il n'avait jamais existé. Il suffirait pourtant de s'y mettre mais c'est du travail et c'est pas les associations qui nous disent ce que c'est que la clinique.
Voir aussi "La navigation astronomique".

Aucun commentaire: