29 septembre 2011

Marcel CZERMAK 22092011 Transsexualisme

J'avais évoqué l'idée d'un cycle sur le transsexualisme car j'ai découvert que, désormais, il est imposé aux grandes écoles, comme Science Po, un enseignement obligatoire de 24 heures sur la question du genre. Mais il m'est arrivé une aventure. J'avais négligemment déposé dans ma salle d'attente les quelques feuillets de mon argumentaire et quelqu'un, qui est peut-être parmi nous, me les a chouravé. Catastrophe. D'abord, je me suis fait engueuler pour ma légèreté. Et je ne veut pas déposé plainte, je ne ferme jamais ma porte. Ce document ne peut servir à personne, il n'est lisible que de moi-même, il ne comporte aucune confidence et quand bien même, je m'en fiche. La difficulté pour moi est de devoir un peu improviser avec vous. Le mérite de cet incident est de nous rappeler qu'on n'est pas obligé d'avoir des biscuit dans sa poche.Le triomphalisme, c'est formidable ( Thierry Jean, 2010). Désormais en France, le transsexualisme n'est plus une affection psychiatrique. Nous voilà débarrassé de cette histoire.
C'est quoi ce mec qui tient absolument à être dit femme, ce qui, dit en passant, est plus courant que l'inverse, chez les femmes. Bref, si cela ne relève plus de la psychiatrie, ça fera des économies à la Sécu. C'est pas dans Libé, cet article, c'est dans le Figaro, en première page. La France est le premier pays européen à mettre en application le droit contre la discrimination en matière de trans-sexualité.
Bon. Je n'ai jamais, en quarante ans de pratique, jamais rencontré quelqu'un qui aie délibérément opter pour son sexe. Ce faire objet n'est pas un choix laissé au souci républicain et démocratique.
Henry Bey, aux Etats Unis, a organisé une grande réunion, la première du genre, où il se trouva un juriste pour dire que la démocratie implique que chacun puisse choisir son sexe librement. Je vous laisserai vous casser la tête, comme moi, pour la bibliographie. Bon. Il n'est pas très difficile de différencier le transsexualisme de la maladie mentale car qui sait bien reconnaître et définir la maladie mentale.
Vu des Etats Unis, la France est l'avant-garde, surprise, des pays respectueux de la cour européenne des Droits de l'Homme qui stipule que le refus d'un changement d'état civil est contraire à ses lois. Effectivement, en France, un décret confirme la saisine de la haute autorité de la santé demandant le retrait de la Transsexualité de la catégorie de la maladie mentale. Mais cette haute autorité, qui en connait la composition ? Ce n'est qu'un pur signifiant. Il est possible, comme on le voit, de se débarrasser des gens, avec une série d'écran, en l’occurrence ici, saisir cette haute autorité qui ne brille pas forcément par ses idées.
Transsexualité ou transsexualisme ? Bof. La langue est bien faite pour faire comme bon nous semble. Voir Jean Toussaint, la différence entre l'idéalité mathématique et l'idéalisme. Les cliniciens, eux, qu'en disent-ils ? Que le terme transsexualisme comporte cette ambiguïté que quand le médecin s'y attache, cela relève de la transsexualité.Un clinicien se demande avant tout, de quoi parlons-nous ?
Les associations, les assurances, la Sécu, tous demandent déjà ce qu'il en sera d'un nouveau parcours de soins. Or il n'existe aucune étude épidémiologique. C'est à dire qu'on en revient au transsexualisme. D'un côté, le parcours de soins, mais d'un autre, ce n'est plus une affection !
Le décret précise que les termes de trouble précoce des classifications de genre viennent des Etats Unis, où l'hystérie n'existe pas, et propose de soumettre à un vote démocratique ce qu'il en est de l'existence ou pas d'une maladie. Comme on arrivait pas à définir tout ce bazar, on l'a supprimé. Or c'est contraire au plus vieux fondement de l'idée de diagnostic, ne pas tué le dissident pour un consensus.
Céline, dans sa thèse, étudie l'affaire Weiss, dans la Vienne du 19s. Les femmes mourraient en couche. Ce médecin avait eu l'idée simple que les accoucheurs se lavent les mains. Sa carrière en est brisée. Il est mort d'une septicémie contractée d'une coupure au doigt avec un bistouri.
Les études rapportent une prévalence 1/30000 pour les MTF ! C'est quoi ça des MTF ? Je connais pas. Et de 1/10000 pour les FTM. Selon les associations, 40 à 50000 personnes seraient concernées. Où l'on voit l'incidence épidémiologique ridicule mais l'incidence doctrinal majeur. N'importe quel premier homo venu, à cette lecture, peut se les faire couper. On trouvera aisément le proxénète pour convaincre un masochiste à faire le grand saut. C'est oublié la fonction de l'autre, l'autre proche et l'autre éloigné, l'état. Comment on fabrique de la clinique ? En aucun cas sans prendre en compte la fonction du partenaire, homme, femme, institution, état. Mais c'est pas dans les manuels. Quand Pinel débarque à Bicêtre, c'est parce qu'il y faut mettre de l'ordre. Ce médecin sera nommé Commissaire de la république. C'est rare qu'un médecin l'accepte mais cela lui a permis de faire sa nosographie. En tant que Commissaire, il pouvait dire stop. La clinique est une langue bien faite, comme le dit Philippe Challain, très différente du charabia de ce décret inspiré des Etats Unis. Nous avons pour nous, il est vrai, la tradition clinique française et allemande. On en vient à se demander comment, aux Etats Unis, peut-être par le canal du Canada, ce qui devrait circuler comme avant-garde.
Je me souviens d'un cas, rare, de psychose cyclique. Éveillée au printemps, excitée en été, calmée en automne, elle dormait l'hiver comme une marmotte. J'ai du m'en occuper avant de la rapatrier chez son père, un éminent professeur. Elle souffrait d'automatisme mentale et de phénomènes d'écho, le diagnostic était limpide. Aussi quelle ne fut pas ma surprise de recevoir le courrier d'un médecin qui me demandait si je n'avait pas filmé tout ça. Comme si la technique moderne devait éclairer mes propres procédures. Ce collègue ne savait rien des automatismes mentaux et des idées qui n'ont pas franchis l'Atlantique. Et quoi, j'aurais fait joujou avec ma malade ?
Je reprend l'article pour montrer qu'on mélange tout. Bachelot souligne que le décret sur le transsexualisme est une avancée dans le cadre de la lutte contre l'homophobie. On mélange tout, l'homosexualité n'est pas un diagnostic.
Les soins doivent être revu. Bravo. L'autorité parle. Allez, il faut revoir tout ça. Et avec une réduction du parcours de soins à 2 ans au maximum ! Si vous n'avez pas réussi à le convaincre qu'il est un mec, qu'on lui coupe. Ça sera moins chère pour la Sécu.
Je lis plus loin que la définition du transsexuel est purement clinique. Ca c'est vrai ! Et notamment dans le questionnement clinique autour de l'hystérie. Mais ici, purement clinique veut dire que la clinique, c'est du vent, elle est relativisée. Qu'est-ce qu'une définition purement clinique quand l’éthologie exacte n'est pas connue. Comme pour l'hystérie, avant, dont on disait que l'utérus montait à la tête, ce qui n'est pas faux. C'est quoi la cause de la transsexualité ? Des gonades de travioles ? Je lis et je trouve que des aspects psychosociaux interfèrent. Avec ça, on est bien avancé. Des facteurs bio-psycho-sociaux. Maintenant, tout est multifactoriel, c'est un snobisme.
Ils interfèrent sur l'identité sexuelle. Problème, c'est quoi l'identité sexuel ? Car Freud s'est gouré en prétendant que l'anatomie, c'est le destin. Non, pas nécessairement. Je lis encore que si les causes psychologiques, familiales et génétiques sont évoquées, aucune n'est validée. Mais comment on valide ce genre de truc ? Papa et maman, ils se sont trompés. Comment on le valide ? On y va avec le Code pénal ? Dans ce cas, plutôt que se faire flinguer, beaucoup accepteront d'admettre qu'après tout il est possible que peut-être ils ont raconté des bobards.
Je lis qu'il est estimé qu'une étape diagnostique est indispensable. Or la question de la clinique a été balayée. Alors qui, pour le diagnostic ? La haute autorité de santé ? Un médecin a prêté serment, il réfléchis éventuellement contre !
Cette étape diagnostique permettrait d'écarter d'éventuelle pathologie liée. Ce qui constitue le b a ba de la clinique mais qui traduit ici une forme de suspicion. C'est quoi leur pathologie liée ? Une balle dans les couilles ?
Je lis que l'on réclame une phase d'expérience en vie réelle. Est-ce que ça veut dire que certains n'ont pas de vie réelle ? Puis il est précisé que cela se fera par les professionnels de santé ou les patients eux-même. Ben oui, nous sommes forcé d'admettre qu'il a une vie réelle et qu'est-ce qu'a à voir la haute autorité avec la vie réelle ? Quand quelqu'un consulte, il y vient parce qu'il ne sait pas pourquoi il vient. Il vient pour le Réel, qu'il méconnaît et moi aussi.
Enfin, toute cette procédure se situe avant l'engagement des processus irréversibles menés au mieux par des professionnelles de santé. Ici, on fait carrément peser sur le patient la charge de saisine de ce qui lui arrive. Mais si vous vous tapez un cancer, est-ce vous qui allez choisir la thérapeutique. En êtes-vous capable ? Est-ce de votre ressort, cette charge de choisir la thérapeutique qui est l'honneur du médecin.
Ceux qui m'ont piqué mes documents me donne l'occasion de noter que l'inscription au registre de l'état civil est basée sur la disponibilité de l'état de la personne. Le problème est que je ne peux pas décider tout seul si je suis un homme ou une femme, catholique ou protestant. Ca me rappelle cette famille où la mère était catholique et le père protestant. Lors du divorce et comme la question se posait, la cour décide qu'il fallait attendre que l'enfant eu 18 ans pour décider de sa religion. Il se croyait femme mais il attendra ses 18 ans !
L'état de disponibilité de la personne traduit en droit ce qu'on appelle en psychanalyse, la castration, c'est à dire un manque qui lui permettra le cas échéant, de boiter. Toucher au principe de castration, c'est mettre un sacré coup à la sexualité et à ses alibis, mais surtout à la sexuation.
La loi doit précéder tout ce mouvement. Elle doit en fait précéder le désir des uns et des autres. Mais est-ce que la loi doit précéder les envies ? Est-elle fondée sur l'opinion ? Les lois de la parole, ces tables, les 10 commandements qui ont foutu Moîse en pétard quand il a surpris les siens qui faisaient les fous, tu ne tueras, tu ne voleras, est-ce que ça a été établis de manière démocratique ? Est-ce une affaire parlementaire ?
Les mentalités prévues que la loi doit précéder nous désigne le marché. Le marché, c'est pas l'usine avec un patron qui vous engueule. C'est une politique surplombée par l'économie, la finance, la gestion de flux dont il résulte qu'il n'y plus personne du côté du manche et cette conduite acéphale explique en partie l'affolement actuel. Se poser la question de savoir qu'est-ce que la loi doit précéder revient à se demander comment réguler ? Les Etats Unis risque d'en devenir marxiste. Et que faire avec la Grèce, l'Italie, les autres ? Tout est mélangé.
La modification de la loi fait suite aux avis des associations. Qu'en est-il d'une décision clinique prise par les intéressés ? Imagine-t-on un général au front ayant à prendre une place et qui demanderait associativement si on rentre à la maison ? Consensus, on rentre. Le ticket modérateur lié à cette nouvelle catégorie montre qu'elle reste médicalisée. Mais on a pas demandé l'avis des cliniciens.
Il serait symbolique d'être le premier pays à se poser, ce qui serait un signe fort vers la communauté. Mais lequel ? L'homosexualité et le socialisme ? Imaginez Lénine et Prokofiev entouré, comme de bi, homo, trans, de tchétchène, d’ouzbek, d'ingouche, tout mélangé.
Comme bouquin, vous pouvez lire "Le transsexualisme" ou "La métaphore impensable". Mais c'est comme s'il n'avait jamais existé. Il suffirait pourtant de s'y mettre mais c'est du travail et c'est pas les associations qui nous disent ce que c'est que la clinique.
Voir aussi "La navigation astronomique".

20 septembre 2011

Claude LANDMAN 19092011 Symptôme

Quel est le statut du symptôme en médecine ? Celui d'un indice diagnostic, un signe typique d'une maladie avec lequel elle coïncide. Étymologiquement, "symptôme" veut dire "ce qui tient ensemble", ce qui, traduit en latin puis en français, donne "coïncidence". Il s'agit donc d'un signe qui représente quelque chose (la maladie) pour quelqu'un (le médecin et sa connaissance en sémiologie).
Freud et la psychanalyse y a ajouté un autre statut. Le symptôme est une vérité qui trouble, qui dérange, l'ordre établi en référence avec le sujet de la connaissance. Lacan, en 1966, dans l'article de ses "Écrits" intitulé "Du sujet enfin en question", donne des précisions. Dans cet article, qui est une introduction à ce qui fut appelé son "Discours de Rome", soit l'article "Fonction et champs de la parole et du langage" de 1953, que dit-il ?
"Il est difficile de ne pas voir,dés avant la psychanalyse, introduite une dimension qu'on pourrait dire du symptôme, qui s'articule de ce qu'elle représente le retour de la vérité comme tel dans la faille du savoir" ( in p 231 de l'édition de poche des "Écrits" Tome I, éditions du Seuil, octobre 1999).
C'est une référence à Marx et au renversement qu'il introduit par rapport au savoir absolu chez Hegel. Ce qui est introduit est une dimension matérialiste, Marx et la notion de prolétariat donne figure, corps, au retour de la vérité alors que por Hegel, la vérité du symptôme se résorbe au terme de la dialectique dans un savoir absolu. Lacan soutient que c'est Marx et non Freud qui amène ce nouveau statut du symptôme comme retour de la vérité qui objecte au fantasme de la complétude du savoir, qui s'oppose à l'idée d'une harmonie individuel, sociale et politique. Cependant, c'est grâce à Freud que sera complété ce nouveau statut.
Du savoir, "nous n'en faisons état que pour y dénoter le saut de l'opération freudienne. Elle se distingue d'articuler en clair le statut du symptôme avec le sien, car elle est l'opération propre du symptôme, dans ses deux sens" ( p 232) .
Autrement dit, le statut du symptôme avec le statut de l'opération freudienne, opération qui oeuvre dans les deux sens.
Lacan ensuite amène la dimension de la demande : éteindre la fumée comme signe.
"A la différence du signe, de la fumée qui n'est pas sans feu, feu qu'elle indique avec appel éventuellement à l'éteindre, le symptôme ne s'interprète que dans l'ordre du signifiant. Le signifiant n'a de sens que dans sa relation à un autre signifiant" ( p 232).
Parenthèse : Lacan dit que Freud isole le registre du signifiant, indépendamment du registre du signifié tel que l’algorithme de Saussure dans son cours de linguistique générale le fixe (grand S sur petit s) où la barre signifie l'indépendance des deux registre. Le signifiant ne dépend pas du signifié, au contraire, c'est le signifiant qui produit ses effets sur le signifié. Pour Lacan, Freud, avec sa découverte, l'inconscient freudien, et ce nouveau statut du symptôme, anticipe la linguistique moderne de Saussure. Pour Lacan, ce sont ces découvertes qui rendent Saussure possible.
"C'est dans cette articulation ( du signifiant et du signifié) que réside la vérité du symptôme. Le symptôme gardait un flou de représenter quelque irruption de la vérité. En fait il est ( souligné par Lacan) vérité, d'être fait du même bois dont elle est faite, si nous posons matérialistement ( sic) que la vérité, c'est ce qui s'instaure de la chaîne signifiante" ( p 232).
La vérité s'instaure du signifiant, c'est de l'articulation signifiante qu'il pose le statut du symptôme découvert par Freud.
Ici, deux remarques. Mon titre pour cette année, "le symptôme dans les différentes structures cliniques" oblige à une question. Elle concerne le symptôme "typique", avec la dimension du signe telle qu'il conviendrait que vous vous reportiez à l'article "Le sens du symptôme" de Freud dans son "Introduction à la psychanalyse" (Troisième partie, article 17, p 239-254, Edition PBP 1965) et le symptôme "individuel", celui qui dans le transfert, est susceptible de livrer son sens au sujet et qui est lié à la dimension du signifiant.
Pour le premier, il existe une clinique ( voir B. Czermak, " Qu'est-ce qu'un fait clinique") bien avant la psychanalyse. Est-elle susceptible d'éclairer cette clinique. A propos, par exemple, de ce qui, relevant de la même structure, n'a pas le même sens pour tel ou tel symptôme.
Le soucis est de ne pas méconnaître que si la psychanalyse ne s'attache qu'au particulier, la clinique présente certaines formes de généralité, c'est à dire que l'un et l'autre symptôme sont liés.
En clinique, les trois structure, névrose, psychose et perversion, existaient avant Freud. Reprise par lui, tel quel, il introduit la psycho-névrose de défense et donne l'explication psychopathologique des phénomènes pour en rendre raison en clinique. Le "moi" se défend contre un ou des représentants dans la conscience, inconciliable avec elle du fait de leur contenu sexuel. Et chaque structure est en rapport avec des défenses spécifiques. Le refoulement avec la névrose, le déni avec la perversion, la forclusion avec la psychose.
Deuxième remarque. Il y a un rapport entre le symptôme et ses modalités où le corps se trouve engagé, comme dans l'hystérie. Mais pas uniquement : à la différence de la médecine ( oublions momentanément le psychosomatique), ce n'est pas le corps au sens physiologique sur lequel se centre la psychanalyse, mais au corps au sens imaginaire, le corps du stade du miroir, qui est toujours menacé de ce morcellement dont les rites isolent chaque éléments morcelés en unités signifiantes distinctes qui se trouvent dans le fonctionnement du corps : fonction, organe, partie, etc. Si un élément corporel peut suivre, c'est néanmoins au titre de signifiant qu'il participe au symptôme comme fait de langage : le symptôme est une écriture à déchiffrer. Il faut retourner aux "Etudes sur l'hystérie" et en particulier avec le cas de Lucie R. Pour Lacan, Freud répond à la beauté des oeuvres primitives : hallucinations olfactives ? Entremets brûlés ? Il n'est pas toujours aisé de distinguer, car c'est mêlé, le symptôme psychanalytique du symptôme médicale. Il faut y aller voir dans ce que Freud dit de la paralysie organique et de l'hystérie dans la traumdeuntung.L'éthique qui soutient cette différence tourmente Lacan. Outre le niveau du diagnostic, la différence entre le symptôme médical et le symptôme en psychanalyse pose la question de la responsabilité du sujet, qui est engagée dans la psychanalyse alors qu'elle ne l'est pas dans le symptôme médical. la difficulté redouble, comme le C. Melman en 1990, si l'on tient compte du refoulement et de la détermination des névroses, car, voici un fait, le refoulement du désir inconscient, à l'origine des symptômes névrotiques est différent selon que le sujet occupe une place d'homme ou de femme. Il s'agit de deux déterminations différentes.Il est banale dans la clinique, en particuliers en ce qui concerne l'hystérie féminine, que s'avance sa souffrance, au sujet, mais qui n'est pas la sienne. Elle lui vient de l'autre en tant que, comme, dans, la maladie organique. Cet aspect de la détermination, chez Melman pose la question de savoir à qui appartient le symptôme. Est-ce les leurs, à ces femmes, comme sujet ? Car voici un fait, il existe un refoulement différent selon qu'on occupe les différentes places "homme" ou "femme".Certains symptômes seraient à référer à cette réponse au symptôme de l'homme d'une femme dont le symptôme est susceptible de s'articuler, ou pas, aux places "homme" ou "femme". Pour le clinicien en général, qu'il soit médecin, psychiatre ou psychologue, la question de la nature du symptôme est d'autant plus importante qu'il est moins formé à reconnaitre, moins averti de la nécessité de repérer la valeur de ces signifiants.Retour au texte : Lacan, dans son discours de Rome, commence par ce point essentiel qu'est le statut du symptôme au sens moderne, celui qui s'établit avec le sujet de la science, et sa conséquence, le capitalisme, référer par Marx, bien avant la psychanalyse.Deux questions : Comment pouvons-nous aborder ce symptôme "criant", ce malaise dans la civilisation ? Est-ce que Freud relève d'un symptôme social traduit dans les traitements destiné à y parer par une solution.Ce texte de 1929, "Malaise dans la civilisation", Lacan aurait voulu l'intituler "Symptôme dans la civilisation"; Freud y abordait notamment la soviétisation en cours.Il considérait, que par rapport à Marx, le symptôme social, l'avancée de Freud consiste à situer le symptôme à sa place, Lacan logicisant Freud, en regard du non rapport sexuel, à savoir ce réel sur lequel vient buter notre aspiration au bonheur. Pourquoi le sexe ? Par la sexualité est prise dans le langage et donc, dans la logique. Pour Lacan, seule la logique peut aborder le réel et ceci, à ses yeux, constitue le pas décisif face aux ambiguïté de Freud.Par exemple, seule l'impossibilité de logique, l'impossibilité d'écrire, le rapport sexuel, c'est à dire le non rapport, seul, qui permet d'expliquer que, malgré l'évolution des mœurs, qui en quelque sorte serait l’avènement de cette levée du refoulement que Freud appelait de ses vœux, force est de constater que le malaise perdure avec la même acuité.Nous évoquerons, avec les travaux de Melman, cette année, les modifications du symptôme dans le social et ses conséquences en psychopathologie et dans la pratique auprès des patients. Regardez comme il est rare désormais de rencontrer de la frigidité féminine actuellement sans entamer la malédiction du sexe qui relève, non d'une dimension accidentelle, mais d'une dimension structurelle.Ce n'est que dans le sens du symptôme comme structure, comme fondé dans le réel dans sa volonté même de l'éradiquer, que peut être aborder sérieusement la question du savoir dans le non rapport sexuel, sa logique qui ne cesse pas de ne pas s'écrire, l'impossible, et le contingent, ce qui peut cesser de ne pas s'écrire. Ceci reprend la logique modale d'Aristote, reprise par Lacan pour introduire la notion de l'"écriture". Cette question, qui se réfère à la logique et à l'écriture, implique que seule une modification du mode d'écriture, dans la structure, serait susceptible d'un effet, éventuellement résolutif, sur le symptôme. Soit un mode d'agencement littéral, d'une écriture qui viendrait différente de l'écriture habituelle.Dans "La troisième" ou "L'étourdit", Lacan avance que la seule arme de la psychanalyse est l’interprétation fondée sur l'équivoque, c'est à dire sur le jeu de la lettre. Ce n'est pas un hasard si le séminaire d'été 2011 de l' A.L.I. a noté que les Noms du Père relève d'une interprétation à la fois sur la lettre et sur la césure, au titre, éventuellement exemplaire, de la modification du symptôme. Si le Nom du père, ce père de la religion, est justement le symptôme de la civilisation alors jouer sur l'équivoque, c'est à dire écrire autrement, nous rend non dupes. La question est : Est-ce que le jeu sur l'écriture, une modification, a quelque effet sur ce symptôme que serait le "Non Dupes errent".Sur la lettre qui modifie le réel, Lacan use d'un autre argument qui a des conséquences politiques et éthiques et qui réside dans ce fait que la modification du réel a des conséquences pour chacun. Et d'évoquer la puissance de l'écriture scientifique et de ses applications. Si vous lisez "Lituraterre", vous verrez ce que Lacan attend du Discours du psychanalyste : Un discours sans parole, un discours qui repose sur la seule écriture littérale, comme en science, mais dans le domaine de la pratique psychanalytique dont la théorie est seule capable de contrebalancer la science et ses effets.Quand Lacan situe le symptôme de l'interprétation dans le champ du signifiant, il l'interprète sur l'agencement littéral sans que le signifiant ne soit rien d'autre qu'un sens pour un autre signifiant. Il s'agit, mieux que Freud, de saisir les conditions nécessaire au symptôme en psychanalyse, à la surdétermination du symptôme. Dés 1957, à propos de la psychanalyse et de son enseignement, Lacan évoque "que soit repris les évènements mnésiques", pour articuler l'actuel des éléments inconscients signifiants et leurs orientations tendancieuses où le mécanisme à double détente de la métaphore fixe dans un symptôme la signification, inaccessible au conscient, d'où nonobstant il peut répondre.Le symptôme est une métaphore, mais ce n'est pas métaphore de le dire.

17 septembre 2011

Charles MELMAN 15 09 2011 Savoir et connaissance

Inauguration de l'année 2011 2012 de l'EPHEP.

(...) les chemins qui mènent aux sciences posent des problèmes obscures. Pourtant, les questions majeurs n'ont pas changées depuis l'antiquité.
Il y a un contraste manifeste. Les résultats du progrès de la connaissance reste incertains, voire flou tant que n'aura pas eu lieu un examen, une tempérance. Tout ce prodigieux résultat est destiné à combler le malaise propre à notre espèce.Notre différence radicale d'avec l'animal est ce malaise de notre espèce dans son rapport avec elle-même et dans son rapport avec le monde.
Ce rappel élémentaire suffit à disqualifier les recherches ordinaires fondée sur l'apprentissage issu des expériences sur les animaux. Alors que les animaux ont un parcours tout différent. L'animal n'a pas de malaise dans son rapport à lui-même et au monde. Sauf, avec un regard critique, à vouloir assimiler l'homme et le rat, car cela relève d'une certaine intuition.Il est vrai que tout comme l'homme, le rat prospère, s'entretient, de la pollution. Cette ressemblance s'observe, quand tôt le matin, des personnes, socialement bien lancée, ont la passion de fouiller les poubelles. De même, dans la pratique analytique, la névrose obsessionnelle et son goût pour les détritus, essentiel à son économie libidinale.
Il y a donc bien une intuition qui cherche à s'instruire avec les expériences sur le rat. Sauf que cette expérience se fonde sur une pratique de la récompense. Quand l'animal réussit, il obtient son bout de fromage auquel ses acquits, ses diplômes, lui donnent droit. Si au passage on obtient l'acquisition du comptage, jusqu'à quatre, cinq, voire six coups, soit le nombre nécessaire pour obtenir la récompense, et bien, dans sa vie, à cet animal, ça ne lui donne pas accès au chiffre et au "un", il n'inscrit pas sur une surface le nombre de coup.
Il y a une question qui semble comique : ce contraste, cette différence ne serait-elle aucunement d'ordre sexuel ? Pourtant, du point de vue du rat, tous ces gens qui ne pensent qu'à bouffer ! Du fromage, toujours du fromage. C'est du sexuel refoulé !
Cette carence n'est pas seulement liée au domaine de l'expérimentation qui, s'il s'ouvrait sur cette différence entre l'homme et l'animal, ça ferait un choc ! Il s'y rappellerait que si au animaux la satisfaction biologique est assurée, pour l'homme la satisfaction est toujours espérée, attendue, mais ratée. Nos grandes expérimentations, de notre cage, nous laissent désirer et désirant en vain, avec tous ces paliers brillant de la technologie, supposés traiter ces jouissances, qui tentent de palier à ces insuffisances.
Petite remarque sur la vision 3D dont ont nous ressert le couvert. Elle n'est pas naturelle car notre vision est à 2D et le plus est à trouver dans les coulisses du spectacle. La 3D est une modalité qui nous est étrangère.
En ce qui concerne l'apprentissage et l'acquisition de connaissance, l'enfant,à la différence de l'animal, ne trouve pas en lui de quoi guider son comportement. L'enfant est prématuré, dépendant de soins et cela laissera de manière permanente la trace d'une soumission.
Arrêtons-nous sur cette première acquisition, la sienne, celle du langage, acquisition essentiel à son développement et à sa vie. Il est classique désormais de dire que la mutité de la mère, fusse-t-elle nourricière, a comme conséquence l'autisme. L'acquisition du langage est le temps inaugural, premier, déterminant des acquisitions dans la suite.
Théo avait quatre ou cinq ans quand je l'ai connu. Enfin, connu par l'intermédiaire d'une supervision. Il ne s'exprimait qu'en chantant des chansons de Françis Cabrel ou de Georges Brassens. Les phrases étaient parfaites, poétiques, mais hors contexte et par coeur. Cet enfant avait été élevé dans son parc avec comme seule compagnie un lecteur de cassette. Pour son acquisition du langage, les cassettes ont remplacé les gens, elles étaient sa seule compagnie verbale de la journée.
Conséquences ? Dans ses dessins, il figurait le visage humain comme un rectangle percé de deux trous ! Autre conséquence, l'acquisition de ce langage poétique, brillant, ne lui donnait pas sa place, ne lui donnait pas d'être présent dans l'occasion, ne lui donnait pas l'acquisition du langage. Il ne pouvait que s'y poétiser à longueur de journée et cela, avec l'acceptation d'évidence de toute la famille. Actuellement, ce jeune homme a vingt-cinq ans et est toujours en institution. Il vaut mieux se servir de son anthologie pour lui répondre mais il reste le héros de ses textes.
On peut rappeler l'enfant sauvage, élevé par des animaux, sans langage humain, s'exprimant par des cris, marchant à quatre pattes, malgré les efforts désespérés de son pédagogue dont les efforts n'ont eu d'autres effets que de le faire mourir. Pourquoi ?
Ceci est important : Cet apprentissage du langage par l'enfant, axe essentiel de notre propre espèce, est un savoir indépendant d toutes connaissances et de tout progrès que l'enfant peut avoir. Cette situation d'être "pris dans un savoir", à l'insu du sujet, cette situation reste celle de l'adulte. Nous parlons dans l'ignorance de la grammaire que nous employons et jusqu'à son existence même.
Dans les Antilles, le Créole a permis un langage constitué mais jusqu'il y a peu, il n'y avait ni grammaire ni orthographe. Récemment, des amoureux du Créole, fin lettrés, érudits, en ont établis une pour la mettre à l'abri de sombre perspective. Quels sont les effets d'une langue active, socialement partagée, qui aboli la grammaire et l'orthographe ? Ce type de langue introduit entre locuteur une situation paritaire qui signifie l'appartenance égalitaire à un même ensemble. C'est une langue sans refoulement où parfois fait surprise une plainte du fait que le sexe puisse y être abordé sans pudeur. Il s'agit d'une langue où existe la différence du sexe mais pas sur le mode de l'hétérosexualité. Les deux sexes ont en commun d'être dans un rapport unique au référent phallique, présentifié dans ces deux formes égales. Ce qui n'empêche que, en ce qui concerne les enfants, la primauté va au sexe féminin.
L'action de ces lettrés, universitaires, de grande culture, pour construire une grammaire et une orthographe, a procédé de manière classique à considérer le bon Créole comme on dit "le bon Français", c'est à dire qu'il s'agit de culture, c'est à dire qu'il s'agit pour le lexical et le grammatologique de signaler la disparité entre celui qui est du côté du manche et celui qui, faute de langue, commet une faute morale.
Surprise ! Cette langue d'avant la syntaxe, que l'enfant acquiert en toute innocence, le fait du savoir de cette langue est celui d'un registre où il n'y a pas de maître, pas de substance, pas d'être, pas de rapport entre les mots et les choses : le mot est la chose même. Il s'agit d'une musique, propre à la langue, qui se donne à entendre alors que le sens est écarté, qui fait valoir une sorte d'abandon, qui invite l'auditeur à un abandon non quelconque, l'abandon à une présence bienveillante et accueillante, par cette musique, de la mort.
La musique, en particulier celle-là, implique un renoncement subjectif, un laisser-aller à cette invitation, à la bienveillance de la mort. C'est peut-être choquant mais ce n'est pas exceptionnel. C'est pas bien ce que je dis ? Des recherches récentes ont montré comme déterminant pour l'autisme, non le silence ou les propos mais la musique interne des propos. Des profils ! C'est étrange.
L'attrait de la mort, induit par cette musique, nous permet d'approcher que le savoir de cette langue, sans la connaissance, vient introduire un référent, l'ancêtre mort, d'autant plus impressionnant, ensorcelant, que les circonstances historiques ne peuvent se produire sans aucun ancêtre.
Le Créole a des origines africaines, françaises, espagnoles, etc. Or chacune, séparément, renvoi à un ancêtre, certes mythique mais explicite. L'exposition à ce type d'effet oppose un Aimé Césaire avec son culte de l'ancêtre qui dit "c'est comme ça, prends-en de la graine" ! à d'autre pour qui l'hypothétique créolité s'origine du Pacifique ou de l'océan indien. Voir Chamisean ou Bernadet contre Toumonde, etc.
Il n'est pas sans justesse de considérer le Créole comme polyglotte. Toutes les langues ne le sont pas, et justement, certaines langues sont homogènes mais on ne sait pas d'où elles sortent.
Notons dans cet acquisition du langage par l'enfant, cette référence incontournable à l'ancêtre mort vis à vis duquel la langue introduit la distance respectueuse, variable, mais pas de limites intangibles, variables dont les possibilités de collusion et donc de sacrifice implique, par exemple, que le défaut de ce sacrifice a comme effet un rapport spécifique au corps marqué par l'hypocondrie. "On ne sort pour ce père là que ce que ça aurait à être".
D'où, aussi, la recherche d'un rituel et pour cela, revoyons Lacan et Joyce. "Depuis Joyce, la langue anglaise n'existe plus" veut dire que le polyglotte, cette déconstruction en oeuvre où le français, l'allemand contre de leur évidence l'impérialisme mono-glotte de l'anglais, quitte, du fait de cette forclusion du Nom Du Père, à ce qu'il s'expose à la folie. Ce dont il se serait guéris (selon Lacan) avec cette référence à "un" nom, le sien, dont il obtient du public la reconnaissance.
A la différence de l'enfant "cassette", et de ses intelligences (poésies, dessins, etc), un enfant apprend non le dire mais l'échange, il y trouve sa place, son statut, son rapport avec le référent fondateur dans les modalités, guerre, mutisme, rejet, de la mère. D'où l'identification première, pas encore sexuée quoique peut-être déjà.
Ce mode d'acquisition sans le savoir va laisser une nostalgie. Pourquoi tous les apprentissage ne se feraient par sur ce type, sans même savoir que je m'instruis.
On dirait l'Emile, calqué sur la nature bienveillante, enseignante, repris de ce mode de relation de l'enfant à la mère. L'impact sur l'organisation de l'enseignement est encore actuel. Actuellement encore, la pédagogie s'écartèle entre l'idée d'un éveil de ce qui est déjà là, comme à l'opposé de l'emmagasinement, et ce qui s'y oppose vraiment : ce n'est pas Paul, c'est ce qu'il est permit de lui enseigner. C'est pédagogique et aussi politique, ce qui n'est pas indifférent.
Pourquoi réticence à l'apprentissage des connaissances quand le savoir est en possession ? Pourquoi apprendre alors qu'on possède le savoir ? C'est que l'acquisition de connaissance est délocalisation, la mémoire, ici, peut ne pas être engramme, la mémoire, tout ça ne vaut rien, le savoir insu suffit.
Autre témoin : que la mère nourricière soit d'une autre langue que la mère biologique, il en reste une nostalgie, un conflit avec la culture dominante, "maîtresse". D'où d'éventuelle difficulté d'apprentissage dans les "quartiers sensibles" où l'ignorance que l'on maintient rend difficile la résolution de ce divorce. "J'en veut pas de ton savoir car mon savoir à moi me suffit".
A l'inverse,c'est terrifiant, symétrique, quand l'apprentissage se fait par la connaissance, qui n'est pas le savoir nôtre et dans cette confrontation, la connaissance s'oppose à la connaissance nôtre.
Quand le langage se substitue au savoir, il y a perte d'identité et on ne s'en protège que par la musique originel. L'accent. C'est que qui est identique à toutes les langues pour distinguer ceux qui parlent mais qui n'en sont pas, des autres.
Le savoir insu du sujet, serait-ce l'inconscient ? L'inconscient ne serait pas structuré comme un langage mais serait un langage ? Cela est vrai pour Jung qui s'opposait la-dessus à Freud. Cette langue, en fait, doit être refoulée La langue de ses origines à soi, il est interdit de faire état sans risque décisif.
Parfois, dans certaines familles, il est interdit de parler créole à la maison. Le français s'impose au registre de la reconnaissance sociale. La faire valoir, cette langue, serait la levée du refoulement ? Dans certains cas, c'est possible. Il faut noter que le refoulement de la langue implique le refoulement de la sexualité liée à cette langue.
Mais quand le couple est au lit, en quelle langue échange-t-il ? Les enfants, à l'occasion, comprennent de quelle langue il s'agit.
La base est de séparer "savoir" et "connaissance".